Une nouvelle lettre inédite écrite par Gustave Courbet à Cherubino Pata, datée du 27 mars 1876 à La Tour de Peilz.

 

Tour de Peilz, mercredi 27 mars 1876.

Mon cher Pata,

Fatigué des avoués  (désavoué ?) des avocats, j’ai écrit une lettre au Sénat et à la Chambre que je vous envoie, il y a à peu près 800 exemplaires qu’il faut faire distribuer à l’instant même par l’office de publication, trois à Bonnord,  Rue Jean-Jacques Rousseau, sur tous les pupitres de ces messieurs à moins que vous ne les fassiez porter vous-même aux appariteurs de ces deux chambres pour gagner du temps.

J’ai envoyé il y a trois jours à Castagnary un exemplaire de cette lettre, il ne m’a encore rien répondu. Je suis déterminé à l’envoyer malgré qu’on en trouverait par cela politique, il est impossible de vivre dans une position semblable à la mienne depuis trois ans, plus longtemps, en dehors de la Chambre sur Bonnord ou autre pour envoyer les exemplaires restants à tous les journaux de Paris et de la Province. Tous ces trois me regardent.

Vendez le tableau de neige pour 500 fr. si vous pouvez, prenez l’argent qu’il faut pour la commission de Madame Pata………en outre les déboursés accessoires.

 Comme je vous l’avais déjà dit, j’étais sûr que l’amnistie ne  serait pas votée.

Victor Hugo s’y est pris trop  tôt. Ma lettre, je crois n’est pas mauvaise dans cette occasion, envoyez-en une à Ordinaire, à Baudry, 16 Rue de Pannery, mais en tous cas, profitez de l’assemblée des bureaux et de la discussion qui va avoir lieu à la chambre dans 4 ou 5 jours.

Je compte sur vous d’une façon absolue, car c’est extrèmement grave. Allez voir Castagnary, 33 Rue Notre Dame de Lorette.

Je vous en remercie beaucoup de toute la peine que vous avez prise pour moi et pour mes intérêts, Je sentais depuis longtemps que ce maquereau de Reverdy jouait ce jeu-là. Il  a fait venir tous ces tableaux de Paris par des voitures de déménagement pour ne pas passez par la douane des chemins de fer et ils sont actuellement au moulin chez M. Jars, mon récolteur habituel. Mais si je réussis à sortir du pas où je suis, il n’est pas encore quitte de ses méfaits. 

Maintenant que vous avez envoyé à l’exposition vous pourriez retrouver son ancien portier. Il faut espérer que nous irons à Ornans lui faire rendre gorge, et retirer ce qui lui restera de ses mots.

Il vit avec et j’ai été bête comme on l’est quand on est pas quand cette dame Piguet s’est présentée chez moi. Figurez-vous que mon paysage était accompagné d’un paysage en hauteur de sur Reverdy que je n’ai pas reconnu d’abord, et c’est lui qui l’envoyait chez moi. Je crois qu’on pourrait encore les retrouver par M Allard

Enfin n’oubliez pas la circulaire, c’est la principale chose, elle vaut mieux que M. Lachaud et M. Duval.

Répondez-moi de suite. Je suis dans une grande inquiétude. Nous sommes ici dans la neige autant que nous voulons. 

Bien des choses aimables à Madame Pata, au petit Enri, aux amis.

Tout à vous !

Votre ami dévoué G. Courbet.

 

Merci de vos commentaires. La transcription est loin d’être parfaite !