L’accusation mensongère et assassine  de l’Etat Français sur Gustave Courbet d’avoir renversé la fameuse Colonne Vendôme  va  le poursuivre  jusqu’à sa mort le 31 décembre 1877.

Félix Pyat, dans une lettre datée du 23 juin 1874 et publiée dans le Times de Londres le 24 juin 1874 ne laisse planer aucun doute sur l’auteur unique de la démolition : 

…A tort ou à raison, l’histoire jugera, j’ai pris, comme membre de la commission exécutive, l’initiative de la mesure, sans consulter Courbet, ni ses raison d’artiste original, contre le plagiat romain. J’ai motivé et proposé le décret en ces termes purement démocratiques.

La Commune de Paris,

Considérant que la colonne impériale de la Place Vendôme, est un monument de barbarie et de tyrannie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation de chauvinisme et une négation du droit international, une insulte permanente du vainqueur aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République Française, la Fraternité,

Article unique : La colonne de la place Vendôme sera démolie…

Je ne dois donc pas laisser peser sur Gustave Courbet, la responsabilité de la destruction. Et quelle qu’elle soit, je la revendique légitimement.

 

Londres 23 juin, Félix PIAT

 

 

Courbet ne pourra plus  retourner vers sa terre natale de peur d’être à nouveau emprisonné et de devoir payer les frais astronomiques  de 450 000 francs pour sa reconstruction.

Une  lettre  inédite originale de Gustave Courbet non répertoriée dans la Correspondance de G.C. publiée par Petra Chu Doesschate en 1996 témoigne du découragement et son affaiblissement qui empêchent  Gustave Courbet d’agir. 

 

Jacques François Jolimay (1804-1891)

 

 

 

Elle a été écrite à son ami de Genève, Jacques-François Jolimay (1804-1891).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tour de Peilz, 10 juin 74

 

Mon cher Jolimay,

Je suis reconnaissant de la bonne volonté que vous avez pour moi, et de votre aimable sollicitude.

Je suis dans un marasme qui m’empêche d’agir. Le gouvernement vient d’envoyer des obligations timbrées de quatre cent cinquante mille f. à mes parents.

Le procès va bientôt avoir lieu

J’irai vous voir dans un ou deux jours nous arriverons.

Tout à vous mon cher ami, Salut.

 

G. Courbet

 

 

 

Qui était Jolimay ?

 

No 278 / Verlag des Art, Institut Orell Füssli  in Zürich.
Jacques François Jolimay
24.6 x 17.2 cm
Gravure
No inventaire : Rig 0173
Bibliothèque de Genève

 

 

 

Biographie de Jacques François Jolimay

 

Naissance le 14 juin 1804 à Genève

Mort le 8 janvier 1891, à l’âge de 87 ans.

Membre de la Chambre de Commerce de Genève (1842)

Membre du Conseil municipal de la ville de Genève.

Il était à la tête d’une importante maison de roulage et de commission.

Etrange coïncidence… Saxon et Jolimay sur la même page de l’article de ce  journal.

 

 

 

 

Il avait organisé, avant l’ouverture de la ligne Lyon-Genève, un service direct de diligences pour Turin et Milan.

 

Il avait aussi pris une part active aux négociations à la suite desquelles la Confédération a autorisé la création du port franc de Rive. M. Jolimay avait fait partie pendant quatre ans du Conseil municipal.

 

 

 

 

Dernier représentant de la société l’Aurore, Jacques François Jolimay est aussi le père de Rose Rehfous-Jolimay, mais également le  grand-père du peintre de l’Ecole de Savièse, Alfred Rehfous.

Hubert Barde, petit-neveu du peintre Alfred Rehfous a réalisé une magnifique monographie sur le peintre Alfred Rehfous.

 

Huile sur bois, collection particulière, Suisse

 

Pour plus d’infos sur le peintre Alfred Rehfous (1860-1912)  :    www.alfred-rehfous.ch/bioAR.html

 

Etrange coïncidence, car le peintre Rehfous posera également son chevalet à Saillon en Valais. Il aurait eu 14 ans lorsque Courbet rencontra son grand-père Jacques François Jolimay à Genève et 17 ans lors du décès du maître d’Ornans.

De quoi éveiller et susciter une vocation artistique ?

 

 

 

 

 

L’Aurore

 

L’Aurore était donc une société d’amis de Genève. Elle était connue sous le nom de Société du Crépuscule et de l’Aurore.

 

Composée uniquement de négociants de la ville de Genève, elle se réunissant matin et soir, en plein air, en hiver sur la Treille, en été sur l’ancien Grand Quai, et nouveaux péripatéticiens, il devisaient, en se promenant des choses de la république et de leurs intérêts particuliers. Jacques François Jolimay en était le tout dernier représentant.

Auteur inconnu

 

Date: 1846

Image: 260 x 530 mm

Notice: Portraits de Rieser, de Meylan, de Bovet, de Faure, de Caillat, de Jaques-François Jolimay, de Pilet, de Viollier, de Buscarlet, de Mertz, d’Hornung, de Carteret, d’Antoine Terond, de Louis Etienne André Dorcière, de Georges Mahler, de Vaucher, de Vessel, de J. Isaac Dimier, de Jean Marc Hiertzler, de l’avocat David-Alexandre-Jules Chancel, de David Mottu, de Kuhn, de Jean-Frédéric Pilet-Gallay, de Jean Ls Rieser, de Weiss-Kohler et de Jean-Louis Wessel. Le nom de « Veiss-Kohler » a été barré, une note au crayon en-dessous indique qu’il s’agit en réalité de Mahler (Georges).

Matière/technique: Dessin à l’encre

Numéro d’inventaire: Icon G 1966-600 517

Bibliothèque de Genève

 

J. Hornung, Dessinateur
J. Hébert (1812 – 1897), Lithographe
Betremieux, Imprimeur
Schmid, Lithographe

Date: 1846

Image: 270 x 540 mm

Notice: La société était une association d’amis qui se réunissaient à Genève dans le deuxième tiers du 19e siècle, l’été sur les quai et l’hiver sur la Treille, pour converser entre eux. L’animateur principal était le peintre Joseph Hornung, auteur de cette planche réunissant les portraits de ses membres en 1845: Rieser, de Meylan, d’A. Bovet, de Louis Faure, de Caillat, de Jaques-François Jolimay, de Pilet-Gallay, de Viollier, d’A. Buscarlet, de Mertz, d’A. Debrit, de Joseph Hornung, d’Antoine Terond, de Louis Etienne André Dorcière, de Wessel, de J. Isaac Dimier, de Jean Marc Hiertzler, de l’avocat David-Alexandre-Jules Chancel, de David Mottu, d’A. Kuhn, de Louis Emanuel Carteret, de Georges Mahler, de Jean-Frédéric Pilet-Gallay, de Jean Ls Rieser, d’Albert Vaucher, du major Jean-Pierre Viollier, de Weiss-Kohler et de Jean-Louis Wessel.

Matière/technique: Lithographie

Numéro d’inventaire: Icon G 1966-600 516

Bibliothèque de Genève

Personne(s) représentée(s): Antoine Terond; [M.] Mertz; Jean-Frédéric Pilet-Gallay; A. Bovet (graveur); [Mlle] Rieser; Jean-Louis Wessel; Georges Mahler; Georges Mahler; Jean-Pierre Viollier, major; Jean Ls Rieser; Georges Mahler; Joseph Hornung (1792 – 1870), peintre; Louis Faure; J. Isaac Dimier; David-Alexandre-Jules Chancel (Juge d’instruction et avocat); Société du crépuscule et de l’aurore; A. Buscarlet; [M.] Viollier; Caillat; Meylan; Weiss-Kohler; Weiss-Kohler; Albert Vaucher; David Mottu; Jean-Jaques-François Jolimay; Jean Marc Hiertzler, argentier; Louis Etienne André Dorcière (1805 – 1879), sculpteur; Louis-Emanuel Carteret; [Mme] Wessel; A. Kuhn (antiquaire)

 

 

 

Détail de Jacques François Jolimay (dessin de Hornung)
Détail de Jacques François Jolimay (gravure)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’âme de la Société était le peintre Joseph Hornung. 

 

Joseph Hornung, peintre de Genève et président de la Société du Crépuscule et de l’Aurore.

 

 

 

 

 

 

 

…On se réunissait sur la Treille, que l’on arpentait à grandes enjambées en discutant magistralement de l’art, de la philosophie ou des intempéries. C’était au déclin du Café Papon. Le vieux tenancier, déjà un peu éteint, restait sur une chaise, tandis que sa femme, de dix ans plus jeune que lui, prenait la relève. Elle était d’ailleurs beaucoup plus bavarde que lui et avait même une langue assez pointue…

 

 

 

 En hiver, Hornung, toujours grand marcheur, faisait aussi en dernier lieu, de longues promenades le dimanche avec des amis. Il se joignait souvent, le jeudi à une société de promeneurs. Il était le membre le plus gai de cette Société de l’Aurore, ainsi nommée parce qu’elle se promenait dès l’aube sur nos quais et nos ponts. Il en a conservé le souvenir dans un beau dessin au crayon, qui en représente les membres se promenant en longues files, le chapeau sur la tête et le cigare aux lèvres.
Mais Hornung affectionnaient surtout la promenade de la Treille qui étend ses allées de marronniers devant l’antique Maison de Ville, et d’où l’on voit si bien le Salève et le Jura, elle paraît bien vide aujourd’hui qu’il n’y vient plus.
Texte tiré de « Notice biographique sur Joseph Hornung, peintre d’histoire et de genre, publiée par ses enfants [Joseph Marc et Jean Hornung]
Auteur :  Hornung, Joseph Marc (fils) et Hornung, Jean.
Éditeur :  A. Cherbuliez (Genève)
Date d’édition :  1872
Comment ne pas percevoir le peintre Hornung dans le poème de Henri-Frédéric Amiel ?
Et la Treille, ombreux promenoir,
Où, cheminant encore le soir,
L’ami de l’aube,
Un peintre illustre, a fait, je crois,
A petits pas, quatre ou cinq fois
Le tour du globe.
Guide poétique du touriste à Genève / Henri-Frédéric Amiel, 1858.
La Société L’Aurore, dont Jolimay et Hornung en faisaient partie,  n’était pas, comme on pourrait l’imaginer une société secrète, mais simplement un groupe d’amis marcheurs philosophes.